Kenyu

Il est difficile de comprendre la vraie Voie uniquement par l’escrime ou le sabre. Il faut connaître les plus petites et plus grandes choses, les plus superficielles et les plus profondes comme s’il y avait une route droite tracée sur le sol.

LE KENDO

Histoire

L’héritage
des samouraïs

Que cela soit pour se faire embaucher par un Seigneur, ou bien pour défendre celui-ci, les samouraïs consacraient l’essentiel de leur temps à développer leur maîtrise du sabre, par l’entraînement dans des écoles de kenjutsu, mais aussi des autres arts de combats. L’instauration de la paix au XVIIe siècle amena progressivement des changements dans les façons de s’entraîner, d’aborder l’art du sabre, mais aussi dans les équipements. Certains aspects spirituels apparurent dans la pratique des samouraïs, fortement teintés de Confucianisme et de Bouddhisme Zen. L’objet de la maîtrise du sabre n’est plus seulement de savoir abattre un ennemi, mais aussi s’améliorer par la pratique assidue. On passa alors progressivement du kenjutsu au kendo. La fin des samouraïs en 1868 amena un développement formidable du kendo, car la pratique de cet art martial n’était plus réservée aux seuls guerriers. Au début du XXe siècle, il est même rendu obligatoire dans la formation de la police mais aussi des étudiants. Deux guerres mondiales plus tard, le kendo est toujours là. Il a certes beaucoup changé depuis ses origines, mais l’esprit demeure le même : permettre au pratiquant de s’améliorer.

Le kendo
en france

Le kendo s’installe en France dans les années 50. La FKR (France Kendo Renmei) puis la FFK (Fédération Française de Kendo) et pour finir la Fédération Française de Judo (FFJDA) par l’intermédiaire du Comité national de kendo (CNK) prirent en main le développement du kendo français. Actuellement, environ 5000 personnes pratiquent le kendo chaque année.

La pratique

Le kendo, en digne héritier des samouraïs, nécessite un engagement total et sincère du corps et de l’esprit. Aucune contrainte ne retient le kendoka dans l’exécution de son geste; il porte ses attaques en libérant son physique et son mental, acquérant ainsi une plus grande confiance en ses moyens et se façonnant une personnalité plus forte dont il tirera profit dans la vie quotidienne.

L’étiquette

Cet aspect du kendo déroute parfois le débutant. En effet, tous les cours de kendo commencent et finissent de la même façon : le respect rigoureux de l’étiquette, qui n’a pratiquement pas changé depuis des générations, permet au pratiquant d’acquérir une attention, une concentration obligatoire de tous les instants. Elle permet aussi de ne pas s’écarter de la tradition : le kendo est, et demeure, une discipline martiale japonaise. Les ordres sont donnés en japonais (comme, d’ailleurs, tous les ordres à l’intérieur du cours).

Sei retsu : alignez vous
Mokuso : méditation
Mokuso yame : fin de la méditation
Sensei ni rei : salut au professeur

En fin de séance, après le salut au professeur, on ajoute le salut aux partenaires d’entraînement : otagaî ni rei.

Les techniques

Celles-ci furent codifiées au début du XXe siècle. De prime abord, elles sont relativement simples. Les kenshis se faisant face en kamae, il s’agit de porter ses attaques sur les parties du corps protégées par l’armure : le men (tête), les kote (poignets), le do (les flans) et pour les plus chevronnés le tsuki (coup d’estoc, de pointe) à la poitrine. Mais leur mise en place comme leur réalisation nécessite plus qu’une simple frappe. Tout comme la coupe au katana implique un véritablement engagement du corps et de l’énergie, une frappe n’est techniquement valable que si elle respect un ensemble de règles très strictes.
Enfin, le travail du sabre passe aussi par l’étude des katas, au bokken.

Kendo no Kata

Le kendo peut s’enrichir de la pratique des Ko Ryu, ou Écoles Anciennes. D’où l’intérêt du kendo no kata. La pratique de kata insiste davantage sur la perfection des mouvements. C’est pour cette raison que sur le plan de la pureté technique, elle se place au dessus du kendo au shinai. L’étude de ces katas, dont la connaissance et l’exécution parfaite est demandée à chaque passage de grade, permet au kenshi d’être toujours en contact avec la réalité d’un véritable combat : chaque kata (7 au bokken, 3 au kodachi) correspond à une situation type, et nécessite la même rigueur que toute les techniques au shinai.
La Fédération Japonaise de Kendo définit comme suit les effets des katas :

Développe l’aptitude à trouver la direction correcte des datotsu et à exécuter les uchi et les tsuki sans rupture d’équilibre.
Compréhension de l’intervalle correct d’attaque entre les partenaires, le maai.
Contribue à rendre les mouvements du corps plus logiques et plus efficaces en raison d’une agilité, d’une précision et d’un naturel plus grand.
Contribue à rendre les mouvements du corps plus logiques et plus efficaces en raison d’une agilité, d’une précision et d’un naturel plus grand.
L’objectif dans les katas étant de couper et non frapper ou toucher, et sans avoir de protection, la tension qui en résulte leur permet d’entrer plus profondément dans le kata et améliore leur concentration.
Développe une sorte de fierté (kigurai), d’une dignité que l’on retrouve chez les pratiquants sincères.

Elle permet aussi au pratiquant d’étudier et de perfectionner les bases du kendo : le shiseï, le zanshin, le metsuké, la respiration. Ajoutons que la compréhension et la pratique, sans affectation de l’étiquette propre au kata, favorise le reigi, c’est-à-dire l’attitude juste par rapport à un partenaire et par extension aux autres.

L'équipement

Au début de la pratique, le kendo ne nécessite guère d’investissement. Une simple tenue de sport est suffisante. Le sabre de bambou est prêté pour les premières séances par les clubs. Néanmoins, si la pratique devient régulière, il est conseillé d’investir un peu plus tard dans un hakama et un kendogi. Enfin, lorsque la technique s’est affinée, arrive le moment où le kenshi porte l’armure complète : c’est à partir de cet instant que commence l’étude approfondie du combat de kendo.
Du katana au bokken, du bokken au shinai, la finalité reste la même : trancher l’adversaire. Les siècles passant, les occasions de se battre diminuant, il fallut trouver d’autres façons de s’entraîner et de permettre un engagement totale, afin de reconstituer une véritable opposition, que le travail en kata ne permettait pas.

Les armes

Pour la pratique du kendo, le sabre est remplacé par le shinai composé de quatre lames de bambou (on utilise aussi parfois des matériaux synthétiques) reliées entre elles par des pièces de cuir. Cette arme est suffisamment souple pour ne pas causer de blessures aux pratiquants. Sa longue poignée, tsuka, permet le maniement de l’arme avec les deux mains.
Lors de la pratique des katas, on utilise un sabre en bois : le bokken, ou bokuto, est une arme véritable. Son utilisation se fait toujours avec un contrôle total de ses gestes. Il arrive (rarement) que les katas soient présentés avec des katanas par les maîtres japonais.

L’armure

Afin de porter les coups sans risquer de blesser l’adversaire (et d’en recevoir sans conséquence…) l’armure de kendo s’est développée et améliorée au cours des années. Celle-ci se compose d’un casque (men), d’un plastron (do), des gants (kote) et d’un tare (protection pour les hanches). Seul le men, le do et les kote reçoivent les frappes.
Il faut bien admettre que le développement des protections et la restriction des attaques aux zones du corps uniquement protégées, amenèrent nécessairement des éléments sportifs dans la pratique.